Lu dans un article déniché par M. Google ce matin dans les méandres tourmentés du web : se protéger de la solitude quand on télétravaille.
L'être humain a peur de la solitude si l'on en croit notamment la multitude des "Comment ?" soumis à M. Google qui y répond par moult articles sur le sujet : Comment ne plus voir peur de la solitude ? Comment surmonter la peur d'être seul ? Comment sortir de/vaincre/apprivoiser la solitude ?
Mais revenons à notre télétravailleur qui subit, lui aussi, cette crainte d'être seul. C'est d'ailleurs peut-être le point essentiel qui rassemble télétravailleurs salariés et télétravailleurs indépendants. Même si, pour ces derniers, une autre crainte vient parfois supplanter celle-ci : Vais-je pouvoir manger ce mois-ci ?
Si l'on en revient à la formulation utilisée dans l'article en question, que signifie vraiment se protéger de la solitude ? Se protéger insinuerait que la solitude est dangereuse. Or, qu'est-ce que la solitude si ce n'est être avec soi-même ? Faudrait-il donc, si l'on suit ce raisonnement, être en capacité de se protéger de soi-même ?
Voilà que notre télétravailleur, qui ne demande finalement qu'à faire son job et tente déjà, usant des maigres et humains moyens à sa disposition, de se protéger de la pollution, du soleil, du terrorisme, des toxiques, des intrus et autres chiens des voisins, se trouve en plus investi d'une mission périlleuse qui consiste à se protéger de lui-même...
J'imagine alors aisément combien ce récent télétravailleur, déjà rongé par l'angoisse de se retrouver démuni de tout Jean-Claude, informaticien ou de toute Gisèle du service compta, quand il sera face à un souci d'ordre technique, financier ou autre, sans possibilité non plus de taper sur l'épaule de Bernard pour avoir son opinion près de la machine à café qui dégouline toujours de son jus amer mais si convivial, bref j'imagine donc, disais-je, que notre télétravailleur frémit d'autant plus devant cette terrible mission donc de se protéger de lui-même...
Alors, s'il est vrai qu'il lui faudra souvent vaincre seul ses doutes, ses soucis matériels ou logistiques et tout autre problème qui surgirait de son écran parfois démoniaque, il reste à souligner que la solitude du télétravailleur, même indépendant, est toute relative.
Parce qu'on travaille rarement en dehors de toute collaboration. Parce qu'à l'époque du tout virtuel et des réseaux sociaux, la vraie solitude n'existe qu'en dehors de toute connexion.
Et que finalement, la vraie solitude est toute différente de celle-ci. La vraie solitude est celle qui fait face à l'indifférence. La vraie solitude peut se vivre au milieu des autres. Mais je m'égare...
Nous travaillons tous disais-je, télétravail ou non, en collaboration. Collaboration avec des clients, avec les membres d'un réseau, avec les divers partenaires qui permettent de poursuivre ou finaliser la mission, fournisseurs, prestataires divers, postiers, etc. Même si certains de ces contacts ne sont que virtuels, ils sont.
Quant à la solitude face à son écran, elle est bénéfique et reposante la plupart du temps. Lorsque Gisèle, Jean-Claude ou Bernard ne peuvent soudainement pousser la porte du bureau pour demander le dossier C-112, attraper l'agrafeuse ou piquer un de ces délicieux chocolats que nous a offert belle-maman, la concentration est facilitée, la créativité libérée, la gourmandise décomplexée...
Alors oui, il est possible d'être seul sans pour autant se turlupiner frénétiquement... Oui, il est possible de trouver un bonheur serein dans le télétravail solitaire parce que cette forme de solitude choisie, plutôt douce à porter, est peut-être, tout simplement, au travail comme ailleurs, le prix de la liberté.
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